Ce voyage est (entre autres ) de la faute d'un chêne, à l'ombre de ses bras feuillus, un après midi d'été...
Du haut de l'insolence de son espérance de vie, là où la nôtre ne se décompte qu'en décennies, il en a vu des moissons et des saisons, des batailles qu'aucun homme ne vivra jamais.
Sous son écorce d'éléphant, j'en venais à envier ses montées de sèves centenaires quand les pauvres mortels que nous sommes, endossent trop tôt leurs habits de jeunes vieux...
Lui est le roi de la flore des bois, des bosquets et des forêts, son trône est de racines, sa crosse de branches et sa couronne de sèves. A part l'homme et la foudre, il ne craint rien ni personne. Pour un bout d'éternité, il est indétronable.
Oui mais...son destin est lié à sa terre nourricière. Il en tire sa force mais le condamne par la même à une existence sédentaire.
Les vents ont beau faire, immiscer des valses dans ses feuillages, disperser ses graines de vie, rien n'y fait, il reste figé sur ses racines de pieds, inexorablement des siècles durant.
C'est là sans doute, l'unique pendant qui est nôtre à nous humains : notre capacité de percevoir au delà des plaines, ici dans l'instant, ailleurs demain.
Je prenais conscience que si le temps nous était compté, nous possédions un extraordinaire don de consolation : le pouvoir de courir les horizons, ce qu'aucun chêne aussi vieux soit il ne vivra jamais.
Au final équitable, je devais reconnaître que la nature était bien faite.
Je quittais l'ombre pour le soleil me promettant de ne jamais cesser de parcourir la face cachée des collines.
C'était il y a longtemps, c'était hier, ce sera demain...
Commentaires
Quelle âme poétique...
Il faudra garder trace de ces pensées, elles poussent à la réflexion...
Bravo Dominique ; tes réflexions sont toujours de "haut" niveau et à la fois très poétiques; bien écrites ; j'espère qu'effectivement , tu peux les conserver numériquement pour nous en faire encore profiter à votre retour.
Merci , et bonne suite à vous tous.
Bon-Papa
C'est toujours très agréable de vous lire (je fais des infidélités au blog de Cécile et ses 3 bambins...).
Puissante plume que la vôtre : des mots qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer, et qui, mis ensemble, me charment autant qu'ils me font gamberger...
perso, je suis assez fan, et ce depuis le début de ses articles.....
encore une fois, j'encourage vivement à continuer au retour, ne serait ce que pour mon petit plaisir et celui de bien d autres apparament......
profitez.......
à bientôt, à l ombre de notre sol pleureur, qui, s il ne se déplace pas, invite ses descendants à visiter de mutiples contrées.......
Marion
C'est mon parrain!
Le chêne peut aussi se rompre...
Le roseau plus souple peut comme nous se glisser entre les vents, mais nos jambes nous donnent tellement plus de liberté, et si elles ne nous tiennent plus, il nous reste encore l'imagination pour nous faire rêver...
Merci de tous ces beaux rêves que vous nous avez donnés.
Bon atterissage
Pierre et Chantal